Voilà, cette partie se termine avant l'arbitrage du tour de P1910, les joueurs s'accordant sur un victoire autrichienne.
Commentaires du vainqueur :
1901
: l'alliance avec l'Italie débute. Mon voisin, très
calme, insiste beaucoup sur la confiance et sur la
démilitarisation de Trieste et Venise comme clef de voûte
de notre alliance. Parfait : ce genre d'arrangement me permet de partir
vers l'est donc tout va bien. Chose curieuse pour tout le monde,
l'Italie prend position à Rome et en Toscane. Ce recul est
tellement neutre qu'il permet à l'Italie de s'assurer deux
alliés d'un coup : la France et l'Autriche. Et énerver
copieusement plusieurs autres joueurs qui confondent cet attentisme
prudent avec une passivité que mes négociations avec
l'Italie démentent furieusement. En attendant, l'Italie prend
Tunis et construit sa deuxième flotte, tranquillement. De mon
côté, je construis deux fois et donc... à Trieste.
Ce malheureux hasard (dans mon esprit) prend presque l'allure d'une
trahison pour l'Italie. On passe à deux doigts de la rupture.
La
Russie et la Turquie : j'ai déjà joué plusieurs
fois avec Sacha (le premier Tsar) avant cette partie et je sais qu'il
est un joueur redoutable, mais qu'en général, il est
digne de confiance (jusqu'à ce qu'il soit trop tard). On
commence donc par un bounce sur Gal suivi d'une alliance anti-turque.
En effet, le Tsar voyant la Turquie lancer toutes ses forces à
l'assaut par le Caucase est bien content de trouver de l'aide et
demande mon soutien pour entrer en Roumanie. Vu les bonnes dispositions
de l'Italie, je peux me débrouiller avec le Tsar donc je lui
accorde. Le Sultan cherche aussi mon appui, mais son style de
négociation hyper-concis me déstabilise : avec lui, aucun
bla-bla mais aucune vraie négociation non plus. Lorsqu'il a une
idée, on peut l'accepter ou non. Et c'est à peu
près tout. De même, il répond à mes
propositions par oui ou non, et point. Bref, je me sens plus
attiré par le style de Sacha, bien que je me méfie des
rumeurs qu'il tente de répandre entre l'Italie et moi.
Mon
voisin allemand semble prêt à s'occuper au nord-ouest
(alliance anti-française avec le roi d'Angleterre ?) et laisse
le Russe prendre la Suède. Le Tsar commence donc très
fort. Mais il me semble que j'ai une alliance "mineure" (comme un pacte
de non-agression, mais juste un peu mieux) avec l'Allemagne donc
ça me va.
1902
: le Tsar et le Sultan renforcent leurs flottes en mer Noire. Je
dégage Trieste pour rétablir les relations entre l'Italie
et moi. Le Tsar me soutient sur la Bulgarie et le Sultan recule.
L'Italie monte ses armées et entre en mer Ionienne. Le plan qui
commence à prendre forme, c'est l'attaque coordonnée de
la Turquie puis la remontée vers le Nord pour moi et le passage
vers l'ouest pour l'Italie. Le Sultan tente de reprendre la Bulgarie,
mais c'est trop tard. Il est enfermé chez lui et les flottes
italiennes arrivent. L'Allemand, le Français et l'Anglais jouent
toujours à trois de leur côté mais la France et
l'Italie gardent de bonnes relations avec une situation
"bloquée" autour de Marseilles/Piémont.
1903
: les coups tordus à l'est : l'Italie convoie mon armée
en Syrie avec l'accord de la Turquie. En effet, nous préparons
(à nous trois) le coup tordu numéro 1 pour se
débarrasser des deux flottes russes en mer Noire. En effet, je
ne vois pas comment je peux rester allié avec le Tsar une fois
la Turquie éliminée si la Russie garde deux flottes en
Noire. C'est au moins une de trop. De l'autre côté,
l'Allemagne (à mon avis, poussée par le Tsar, mais on ne
le saura peut-être jamais) envoie une armée au Tyrol.
C'est vrai que Venise et Trieste sont deux centres libres, mais quand
même... Ils sont couverts ! Déluge diplomatique de notre
part et l'Allemagne recule. Déception et méfiance sont de
rigueur envers l'Allemagne. Le Tsar perd ses flottes à
l'automne, mais prend la Norvège donc il construit ses
armées et prépare sa vengeance. Pas content, le Tsar et
je le comprends.
1904
: l'Anglais est mal parti. Mon allié français s'en sort
bien et l'Allemand vient me menacer alors que je l'invite depuis deux
tours à prendre Varsovie. Du côté de la mer Noire,
je prends Sébastopol. Le Russe, devant les hésitations
allemandes, tranche dans le vif et prend le Danemark tandis que
l'Allemagne recule à nouveau. A mon avis, c'est l'erreur fatale
de l'Allemand ce tour-ci : il avait la possibilité de prendre
Varsovie et de garder le Danemark. Hélas, il hésite et
recule et perd tout. L'Italie attend toujours un centre
supplémentaire mais ne s'impatiente pas.
1905
: Cette année-ci, l'Italie doit recevoir un centre. Ce sera
chose faite avec la mise à mort du Sultan. Celui-ci veut se
défendre contre moi et pas de chance : il évacue
Constantinople devant mes troupes tout en rendant Sébastopol
à la Russie en coupant mon soutien. Bah, mon allié
italien grandit enfin : c'est tout ce qui compte. L'Allemagne et la
France continuent à se mélanger un peu plus tandis que la
Russie échange Berlin contre le Danemark et reprend
Sébastopol. A ce moment de la partie, je suis très
légèrement en tête. Il faut que je ménage
mes alliés.
1906
: une petite connerie de ma part et mes plans sont tous retardés
: j'ai mal jugé les possibilités et j'ai perdu une
armée au printemps. Pas trop de casse sur l'année mais je
suis rattrapé en tête par la Russie, la France pointant
juste derrière et l'Italie complète le podium à
deux centres grâce à la prise d'Ankara. Le plan
italo-autrichien est d'évacuer la Turquie et de détruire
ma flotte de façon coordonnée pour permettre un
redéploiement italien vers l'ouest. L'Angleterre sauve les
meubles mais l'Allemagne perd tout face à la Russie qui change
de Tsar.
1907
: La Russie met en action le plan qui la perdra (selon moi). Au lieu de
concentrer ses efforts sur son principal rival (moi), le Tsar part
à la conquête de l'ouest et perd Varsovie et
Sébastopol dès le printemps. Il arrive à utiliser
l'Allemand pour arriver à ses fins contre la France. Au
printemps, le désengagement de la Turquie a bien commencé
entre l'Italie et moi mais une petite phrase m'arrête : l'Italie
pense à revoir son plan suite à ma probable prise de deux
centres russes. Au lieu de se réjouir de mon coup de chance,
l'Italie semble douter davantage de moi rien que parce que je
réussis au nord. Cette découverte change ma façon
de voir les choses : il est temps pour moi de prendre mon envol. Je
trahis donc l'Italie à l'automne et je lui pique Ankara tandis
que lui poursuit son redéploiement vers l'ouest. Mieux, il a
réussi à convaincre la France qu'il venait pour l'aider !
1908
: j'avertis la France des risques qu'elle court mais c'est trop tard.
L'Italie prend l'Espagne et Marseilles pour compenser ses pertes
à l'est (Venise et Smyrne). A mon avis, ce choix raisonnable
à l'échelle individuelle va empêcher la formation
de l'union sacrée qui aurait pu m'empêcher de gagner.
Toutefois, la longue inimitié franco-anglaise et la
stratégie russe du tout vers l'ouest sont certainement à
blâmer aussi dans cet échec. Et même si j'abandonne
temporairement Sébastopol au Tsar, c'est pour mieux revenir le
chercher l'année d'après. Et je me garde bien de
détruire l'armée italienne de Syrie, qui est inutilisable
pour l'instant, car je ne veux surtout pas que l'Italie construise de
nouvelles flottes.
1909
: l'Italie doit revenir contre moi mais en faisant cela, elle doit
laisser libre Marseilles et l'Espagne, ce qui fait que ses
unités n'atteindront peut-être jamais le
théâtre des opérations, par manque de centres de
ravitaillement. Je peux donc me concentrer sur le Nord et la Russie,
tout en prodigant quelques conseils à gauche et à droite.
Par exemple, j'avais deviné parfaitement la manoeuvre russe sur
Kiel, ce qui m'a permis de prendre un risque calculé sur Munich
(si le Tsar avait attaqué Munich avec Sil et Ruh, c'était
bon) et surtout d'en faire profiter mon allié français
qui faisait mieux que compenser la perte de Liverpool grâce
à sa prise de la Belgique et de Marseilles.
Si
en 1906, je n'ai pas pris de centre (à cause de la perte stupide
de mon armée d'Ukraine, pour ceux qui suivent), les
années 1907, 1908 et 1909 m'ont rapporté plus de deux
centres par an en moyenne. Devant cette déferlante, la
conclusion s'imposait : mieux vaut arrêter les frais et laisser
nos soldats se reposer un peu... jusqu'à la prochaine fois. Et
pour terminer en beauté, un tout grand merci à l'arbitre
pour son boulot, sa patience et ses analyses.
Arnold von Habsburg, Empereur d'Autriche et de Hongrie.
PS: félicitations à ceux qui ont lu jusqu'ici. Plus d'un an de jeu, ça valait bien quelques lignes...
Commentaires de la France :
Une
partie pleine de rebondissement, pimentée de changement de
joueurs chez les deux puissances qui m'étaient les plus
alliées, et le pire en même temps, en automne 1905,
vraiment pas de bol !!
J'aurais
pu croquer en un coup de dent l'Angleterre et l'ai gracié. Mais
c'était sans compter sur la désertion de Pascal Maguy qui
s'annonçait mon fidèle serviteur en échange de sa
survie, et je pense vraiment qu'il aurait tenu parole jusqu'au bout.
Avant
cela, je n'étais pas trop mal parti, et même peut
être en position de vainqueur vu mes forces militaires et vu mes
alliances bien sincères.
Mais
le sort en a voulu autrement, d'autant plus que, peu de temps
après les offensives des nouveaux rois de ces deux nations,
l'Italie s'y est mise à son tour, profitant peut-être de
la perdition de la France pour équilibrer ses pertes face
à un voisin autrichien bien malin et très menaçant.
Ce
dernier semblait quant à lui bien disposé à me
prêter main forte avant que ne sonne la fin de cette partie !!
De
plus, je venais de regagner un centre et l'Italie se repliait vers
l'Est. Bref, un bel avenir se dessinait à la France apparemment.
Beaucoup de plaisir dans cette partie, au moins autant que d'amertume, c'est pour dire.
J'espère
retrouver certains joueurs de cette Diplo 28, prochainement dans une
autre partie, les plus assidus surtout. J'aime quand les gens vont
jusqu'au bout lorsqu'ils s'engagent.
Bien amicalement,
Laurent.